Festival de Cannes 2023 : Une après-midi dans « Le songe de la lumière » en hommage à Souleymane Cissé, Carrosse d’Or 2023
Le 17 mai 2023 le cinéaste malien Souleymane Cissé a été honoré lors de la 76e édition du Festival de Cannes en recevant le prestigieux Carrosse d’Or à la Quinzaine des cinéastes. Cette distinction vient saluer les quatre décennies de création cinématographique de Cissé sur un continent encore peu représenté dans le domaine. L’après-midi d’hommage dédiée au cinéaste a été l’occasion de revisiter sa vie, ses œuvres et de mettre en valeur le Mali en tant que terre fertile pour le cinéma.
Le cinéma un moyen efficace de rapprochement entre les hommes. En recevant le Carrosse d’Or, il est devenu le deuxième réalisateur africain à recevoir cette distinction après Sembène Ousmane du Sénégal, dont on célèbre cette année le centenaire. Le film rétrospectif « Le songe de la lumière » a été projeté, mettant en lumière l’aventure cinématographique exceptionnelle de Souleymane Cissé. La lumière, élément capital dans le cinéma, revêt une dimension singulière pour le réalisateur.
Une après-midi mémorable :
L’après-midi d’hommage a débuté avec la projection de son premier long métrage, « Den Muso » (La Jeune fille, 1975), entouré de sa famille. Chez les Cissé, le cinéma est une affaire familiale, et cette présence était symbolique de leur soutien et de leur engagement dans l’art du cinéma. Après avoir reçu le Carrosse d’Or lors d’une cérémonie où le courage des Iraniennes a également été salué, Souleymane Cissé a réuni ses proches sur scène, marquant ainsi un moment émouvant et solennel. Cette soirée dédiée à Souleymane Cissé était une célébration bien méritée de son talent et de sa contribution au cinéma africain.
Un cinéaste engagé :
Souleymane Cissé aborde des thèmes sociaux et politiques importants à travers ses films. Il dénonce notamment l’injustice entre les hommes et les femmes, et le patriarcat oppressant les femmes dans la société malienne. Son premier film en bambara, « Ténin », raconte l’histoire d’une jeune fille violée par son ami, qui tombe enceinte et est bannie par son père. Cissé souligne que la défense des femmes est en réalité une lutte pour notre humanité commune à la recherche de la lumière. Son film « Yeelen » (La Lumière) lui a valu le prix du Jury en 1987, et il a remercié Gilles Jacob, ancien délégué général du Festival de Cannes, pour avoir sélectionné son œuvre. Souleymane Cissé considère le cinéma comme une projection de lui-même en tant qu’être humain, transcendant toutes les assignations, y compris les divisions raciales.
Son approche franche et son humour ont été salués lors de la master class. Serge Toubiana, président d’Unifrance, le décrit comme « un grand cinéaste tragique » en raison de son exploration du thème du rejet et de l’exclusion dans ses films. Souleymane Cissé utilise le cinéma pour mettre en lumière les histoires de personnages chassés et bannis de leur propre communauté, condamnés à l’errance, à la liberté ou peut-être même à la mort. Sa capacité à capturer ces nuances complexes lui a valu une reconnaissance internationale.
Un ambassadeur du cinéma africain sous-exposé :
Lors de son discours de remerciement, Souleymane Cissé a rendu hommage à des figures clés du monde du cinéma qui ont osé soutenir et promouvoir des films africains. Il a exprimé sa gratitude envers les critiques Serge Daney et Danièle Heymann, ainsi que les cinéastes Martin Scorsese et Costa-Gavras, pour leur contribution à la reconnaissance de films souvent négligés. Il a également remercié Claude Berri et Jérôme Seydoux pour avoir pris le risque de distribuer des films en provenance d’Afrique noire, malgré les obstacles auxquels ils ont été confrontés. Souleymane Cissé a souligné l’importance de mettre en avant le cinéma produit par les pays africains et a mis en évidence la sous-exposition de ces films au niveau international.
Le Festival de Cannes et la correction d’un impair :
La journée d’hommage à Souleymane Cissé a mis en lumière la volonté du Festival de Cannes de corriger les déséquilibres et de donner une visibilité accrue au cinéma africain. En honorant Cissé avec le Carrosse d’Or, le festival a reconnu son immense contribution à l’industrie cinématographique et a réaffirmé son engagement en faveur d’une plus grande diversité et inclusion. Cette 76e édition du festival a été marquée par des films et des talents venant de différents horizons, ouvrant ainsi de nouvelles perspectives et célébrant la richesse des cinémas du monde.
L’hommage rendu à Souleymane Cissé lors de la 76e édition du Festival de Cannes a été une occasion de mettre en valeur le Mali en tant que terre de cinéma, ainsi que la carrière exceptionnelle du cinéaste. Son engagement à dénoncer les injustices sociales et son exploration de thèmes profonds ont fait de lui un ambassadeur du cinéma africain sous-exposé. Le Festival de Cannes a saisi cette opportunité pour réaffirmer son engagement envers une plus grande diversité et inclusion dans l’industrie cinématographique. Souleymane Cissé continue d’inspirer les cinéastes et de laisser un héritage durable dans le monde du cinéma.
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