Le Kotèba : Entre organisation non initiatique et forme de théâtre traditionnelle ? Tout savoir de ce Patrimoine Culturel National du Mali au origine encore méconnu.
Le Kotèba une forme d’expression emblématique du théâtre populaire en Afrique. Parmi les formes de théâtre profane Africains, les plus connues de nos jours comme expression d’une tradition théâtrale authentique, le kotèba des Bamanans du Bélédougou, région Est du Mali est certainement l’une les plus emblématiques. Il s’agit d’une manifestation ancestrale périodique organisée par des jeunes du nom « Kotè ton » et qui consiste en des représentations « Kotè tlon » sur les places publiques des villages.
On le saurait situer exactement la naissance du Kotèba ni même ses origines exactes (plusieurs versions existent). Cependant le Kotèba a été porté à la connaissance universelle par les scènes « osées » parfois présentées sous la colonisation ou devant le colon « l’apparition des premiers personnages coloniaux ».
Le Kotèba est aussi une organisation sociale non initiatique de jeunesse qui regroupe les jeunes, filles et garçons du village. Cette organisation appelée ‘’ton’’, ‘’kotèton’’ est dirigée par un chef élu, ‘’kotèkuntigi’’ pour les garçons et ‘’mbogotigikuntigi’’ pour les filles. e. Ils sont le lien entre les jeunes et les vieux du village. Les ‘’kotèdenw’’ sont conseillés par un parrain ‘’kotèfa’’ et une marraine ‘’kotèma’’. Les membres du ‘’kotè’’ (garçons et filles) sont des ‘’kotèdenw’’. Le chanteur principal du ‘’kotè’’ est appelé ‘’’kotèkono’’. Le Kotè ne tient pas compte du statut social du jeune, il vise la socialisation en réunissant tous les jeunes dans une même organisation dont ils ont eux-mêmes la direction. Les jeunes élaborent et mettent en œuvre leur propre programme d’activité et organisent leurs manifestations et évènements de réjouissances comme les soirées de Kotèba.
Le Kotèba vise d’abord à maintenir et à renforcer la cohésion de la communauté par le rétablissement des valeurs sociales, spirituelles et morales. Il est basé sur les vertus du travail, l’entraide, la gestion communautaire des ressources (humaines et matérielles) du village. Il s’agit de préserver l’équilibre et la cohésion sociale. Il développe la communication communautaire, accessible à tous.
Avec le temps de la rencontre, aujourd’hui l’on rencontre diverse variantes dans la représentation selon la proximité ou l’éloignement des milieux d’avec les cités urbains. Cependant en référence au ‘’Kotèba’’ « originel » tel que pratiqué de nos jours dans les fiefs du Bélédougou (village de Massantola et Ben) ainsi qu’à Markala, subsiste des éléments constants :

La procession d’entrée :
Elle peut être plus ou moins brève. A l’origine, elle menait les ‘’Kotèdens’’ du lieu de préparation (une concession voisine où s’habillaient, se maquillaient, s’accoutraient les ‘’Kotèdens’’) à la place où a lieu la manifestation le ‘’Fèrè’’. La procession inclut tous les personnages emblématiques du ‘’Kotèba’’ dans les accoutrements et les grimages des plus burlesques qui s’avance escorté par des instrumentistes (Cun, Bara …), des danseurs et danseuses aux rythmes cadencés propre au ‘’Kotèba’’. Ils s’avancent «en étrangers et ne savent rien d’ici, comme pour se mettre à l’ abri de quelconque vindicte après des dénonciations » qu’ils vont faire bientôt publiquement : des tares et des vices qu’ils ont pu observés en tant que membres de la société. La procession est en faite la partie la plus riche en couleur du ‘’Kotèba’’ ;
Le ‘’Kotèba Mugu’’ :
En trois cercles concentriques autour des batteurs évoluent des tous petits puis les jeunes files et ensuite les jeunes gens portant aux pieds des grelots, dans les mains des queues de vache. Le rythme et les danses du ‘’Kotèba ‘’lui sont spécifiques. Il en est de même des chants dans leurs mélodies et dans les paroles généralement liés aux circonstances.
Le ‘’Komanyakan’’ :
C’est la partie de la manifestation qui semble plus intéressante et consacrée à la présentation de saynètes et autres exhibitions des personnages emblématique du ‘’Kotè’’. Le ‘’Komanyakan ou nyogolon apparait cependant aux ‘’Kotèdens’’ comme un appendice par rapport au ‘’Kotè Mugu’’ qui offre le cadre aux démonstrations de toutes sortes : vigueur, agité, souplesses… a travers les sauts et les gestes acrobatiques.
Le ‘’Nyogolon’’ ou ‘’Komanyakan’’ commence après que les jeunes gens (uniquement des garçons, les femmes n’étant pas autorisés à jouer), se soient retirés dans un vestibule ou dans une concession voisine. Là ont lieu des conciliabules, des échanges sur a la fois, les sujets a développés dans le jeu, la répartition des rôles ainsi que la distribution des personnages, des propositions « d’expressions fortes », de « bon mots » tout comme de situations insolites,…. Il convient toute fois de retenir que de plus en plus cette phase de préparation des saynètes se situe au cour de rencontre initiée par le ‘’Kotè ton ‘’ des heures, voir des jours avant. Pour se faire, ces séances, si elles ont lieu ne donnent pas place a de véritable répétition. La force, la beauté, l’efficacité de ‘’Nyogolon’’ résident dans la spontanéité du jeu garantie par l’improvisation.