Le Baja Ni
Années d’existence: Avant le 19eme SièclePartager
Le Baja Ni est un corpus de chants funèbres Jamsay (un dialecte dogon parlé essentiellement dans les circonscriptions de Koro et de Douentza), dont la paternité est attribuée à Badjin, un chanteur dogon. Les chants du Baja Ni ont cependant été rendus célèbres par Abirè Goro, un chanteur non voyant du 19eme siècle. On le surnommait le voyant aveugle pour ses prophéties qui, jusqu’à aujourd’hui, dit-on, continuent à se réaliser. Plus qu’un chanteur, Abirè, qu’on nomme encore l’Homère du pays dogon pour ses qualités de poète, a parcouru une très grande partie de la vallée dogon, aux alentours de Bandiagara, pour apporter du réconfort aux parents endeuillés à travers ses enseignements.
Le Baja Ni s’exécute tard dans la nuit, en présence de très peu de personnes, par un groupe d’hommes appelés les « Baja unrun » ; terme signifiant en français « Les fils du chant ». Durant la cérémonie qui peut se tenir sur plusieurs nuits, les chanteurs procèdent à des rituels, mangent et boivent de la bière de mil tout en performant sur le son du barubo, un instrument traditionnel très utilisé dans les falaises.
Le Baja Ni est aujourd’hui considéré comme une source importante de savoir mais aussi de questionnement sur d’innombrables sujets comme les conflits générationnels, la lutte pour le pouvoir, la vie mais surtout la mort ; ce dernier sujet étant le noyau central autour duquel tourne les textes de Baja Ni.
Aujourd’hui encore, dans le pays dogon, il se chante en des occasions très particulières et constitue l’objet d’étude de plusieurs universitaires. En 2020, un livre intitulé « Chanter le Baja Ni, Abirè le voyant dogon » a vu le jour. Fruit d’un travail anthropologique de plusieurs décennies, il retrace la vie d’Abirè Goro et rassemble énormément de textes de Baja Ni.